SAMMY par Épamine

Ce jour-là, pour la énième fois, en passant devant le kiosque du vieux Sammy, "Miss Doisnelle" (c'est comme ça qu'il l'appelait!) lui dit :
"Sammy, je vous parie qu'un jour, je réussirai à vous photographier au milieu de vos papiers et que votre portrait passera à la postérité!"
Et comme d'habitude, il lui répondit que jamais elle ne parviendrait à lui tirer le portrait. Il lui prouva, une fois encore, l'inanité de ses efforts en argumentant qu'il était bien plus malin qu'elle ne le croyait et qu'il aurait le réflexe de se cacher prestement derrière une de ses feuilles de chou sitôt qu'il verrait apparaître son  Rolleiflex.
Et la belle Miss Doisnelle sembla avoir compris. 
Durant plusieurs semaines, elle ne l'ennuya plus avec ses projets de portraits de rues et le vieux Sammy relâcha son attention...

Puis ce qui devait arriver arriva. 
En cette fin du mois d'août, tandis que dans les rues de Chicago, les trottoirs se clairsemaient et que la douce chaleur du soir enveloppait de torpeur passants et bâtiments, elle le vit...
Le coude appuyé sur son minuscule comptoir, le visage bien calé sur sa main, le chapeau solidement vissé sur sa tête chenue, Sammy somnolait dans son original cadre de pâte à papier!  

Sans plus attendre, sachant qu'une si belle occasion ne se représenterait pas deux fois et trouvant cette beauté simple et poignante, elle dégaina son argentique, cadra et appuya sur le déclencheur.

Et c'est ainsi qu'aujourd'hui, dans les galeries qui exposent les œuvres de la talentueuse Vivian Maier, on peut voir Sammy le kiosquier dans les bras de Morphée...

12 commentaires:

  1. Très chouette, Épi !

    J'espère que la mise-en-page te va (j'ai dû bouger les deux derniers paragraphes) et sinon, bien sûr, dis-le-moi et j'essayerai autre chose.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pardon pour ce retard dans ma réponse et dans ma lecture de vos textes mais la fin d'année fut difficile et pas seulement sur le plan professionnel.

      La mise en page était parfaite et je te remercie pour ton commentaire enthousiaste.
      Sourire d'Ep'

      Supprimer
    2. C'est que ton entousiasme à toi est contagieux.

      J'espère que les tracas sont terminés et que tu pourras te reposer pour quelques mois, chère Épi-Goeurl.

      Supprimer
  2. Ah ne jamais dire jamais, le p'tit oiseau a eu le dernier mot.... merci Ep' ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Depuis le temps que l'on en parle de ce petit oiseau niché dans les appareils photos, je mets tout le monde au défi de pouvoir en donner l'espèce et le nom scientifique...
      Argenticus clicaticus, peut-être... ;)

      Supprimer
  3. Bravo bravo j'ai adoré ton texte Epamine Quel talent encore Bravo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci!
      Pas vraiment du talent, plutôt un simple amour des mots...
      Sourire d'Ep'

      Supprimer
  4. Joli texte dévolu
    A une époque révolue
    Où les nouvelles, une fois lues,
    Pouvaient emballer le merlu !

    Va-t-en donc, en nos jours épiques
    Entourer pour ton pique-nique,
    Une fois lus les salamalecs
    Entourer le Munster avec
    Une revue électronique !
    ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors tu étais là, sur la petite place quand Mme E. arrivait le vendredi avec sa vieille camionnette grise Citroën et qu'elle emballait dans du papier journal les filets de merlan que ma grand-mère achetait! Je me disais bien...

      Belle analyse de l'évolution des journaux... Merci !

      Supprimer
    2. Je n avais pas vu ton billet..
      Très beau conte plus que plausible ,
      j'♥ beaucoup
      amitié jak

      Supprimer
    3. Partie sous de lointains horizons, je ne trouve ton commentaire qu'aujourd'hui, entre deux valises, avant de repartir...
      Merci pour ta lecture et pour avoir vu un petit conte dans mon historiette.
      Bises d'Ep'

      Supprimer