Cher papa,
En regardant ces chaussures, je pensais aux tiennes et à mon privilège de te défaire les lacets au lieu d'une longue journée dans la ferme, où tu bossais comme un dingue pour nous, ta famille.
Je me souviens de l'odorat du cuir, de mes petits doigts boudins qui apprenaient à négocier la complexité des trous et de passe-câble.
Papa, je me souviens de mes triomphes à défaire rapidement les lacets, et puis la force qu'il fallait pour retirer les bottes de tes pieds. C'est vrai que, plus d'un fois, je suis retombée sur mon petit cul.
Quel triomphe de voir enfin tes chaussettes de laine qui protégeaient tes pauvres pieds ! Et puis à retirer les chaussettes et découvrir tes pieds déformés par les longues marches dans l'armée et par la patrouille constante des corvées dans la ferme, de la traite matin et soir.
Et finalement, je voyais toujours ce trou-souvenir laissé dans ton tibia par l'éclat d'obus japonais quand tu avais à peine vingt ans, recouvert par une très légère couche de peau cicatrisée.
Papa, papa...je t'aimais tant. Si quelques larmes tombent pour ces chaussures, cette fille et ces pieds disparus, ne t'en fais pas. C'est rien de grave. C'est normal.
Gros bisous de ta Joye qui t'aime encore et pour toujours
C'est doux, c'est tendre, se souvenir... J'aurais aimé pouvoir écrire un petit hommage à mon père mais voilà ce ne fut pas possible et cela ne le sera jamais !
RépondreSupprimeravec le sourire
Bonjour Joye... Une tranche de vie partagée ici en regardant ce tableau aux chaussures qui ont vécu... un papa qui laissera sa trace à jamais dans le coeur de sa fille.... ;-) Amicales pensées, jill
RépondreSupprimerun hommage superbe et émouvant pour ton papa qui reste dans ton cœur
RépondreSupprimerBravo et merci pour ce beau partage Joye
Amitiés
Bonjour Joye,
RépondreSupprimerQue de tendresse dans ces mots qui émeuvent au plus haut point..
Bises
Dominique