MONSIEUR LAPORTE par Sebarjo

Ce jour-là, monsieur Laporte sortit de ces gonds. Il s'était, comme qui dirait, em-porté.

Il faut dire qu'à l'image de sa femme - qui était à la fois une crème et une fameuse pâtissière - il était au bout du rouleau. Et ce n'était pas du flan.
Aussi, à force de bouffer des haricots pour affiner sa silhouette, il manquait de protéines. Il se sentait proche de la fin …(des haricots). Cela ne tenait qu'à un fil, bien mince et puis... les nerfs ont lâché. Des frites bordel !

Sa mère venait de claquer la porte, sous son nez. (Non, ne lisez pas : Sa mère venait de claquer, Laporte ! Sous son nez !)
Car elle ne mourut point. Mais toujours est-il qu'elle partit, vive comme un courant d'air qui fait claquer n'importe quelle porte.

C'était un sacré coup de barre (de seuil). C'est comme si Monsieur Laporte fut mis à la porte alors que c'était elle, sa mère qui avait passé le pas... de la porte. Autant dire que c'était plutôt lourd à porter.

Alors à supporter...

Mais qu'avait-il donc à se mêler tout le temps des affaires de la Mère ? A vouloir toujours pallier ses manques ? C'est vrai que c'était pour lui faciliter la vie, mais tout de même ! A force de régenter, on pourrait croire que le petit garçon sommeillant en lui se révoltait. Fais pas ci, fais pas ça, mais fessi- fessa et patati et patatras !

Ne savait-il donc pas que le bonheur forcé est un cauchemar ?

Elle avait fui.
Il devinait bien vers où elle avait fui. Dans son trou pas plus grand que celui d'une serrure...

Il l'imaginait sortant et ne desserrant pas la mâchoire. Elle montait dans le train de banlieue qui la  bringuebalait tout en la ramenant vers sa petite bicoque natale, lointaine et vilaine, perdue entre bois et immondices urbaines. Elle ne s'assoirait certainement pas, tellement elle devait être portée par sa colère. Elle s'aggripperait à une barre d'appui au milieu de tous et de n'importe quoi, crispée et ronchonnant sans cesse.

Elle devait faire une de ces tronches, la vieille ! Une de ces tronches ciselées à la Tronchet, à faire pâlir tous les p'tits cons en casquette qui fréquentaient régulièrement cette ligne pourrie, jusqu'à la taguer pour se sentir à l'aise. Liberté, j'écris ton nom...


On sonna.


La mère remontait et revenait déjà, comme l'océan aux grandes marées.
Elle n'avait même pas passé le perron... Les premières marchés étaient des écueils qui l'ont cueillie.

Elle s'attabla et dit tout simplement : j'ai faim.

Pour fêter ça, ils mangèrent salement une bonne côte de boeuf avec des frites comme ils n'en avaient pas englouties depuis des lustres. Puis, Madame Laporte, La reine des gâteaux leur prépara un baba au rhum. Et pour faire couler le tout dans un grand cognac, ils prirent un expresso. Bien qu'ils furent pro-théines...

3 commentaires:

  1. Ah sebarjo ! Quel humour ! et quel plaisir de te lire ici. Bienvenue !

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  2. Je vous serre une poignée (de porte) pour ce texte porté par l'humour et le rire qu'il a déclenché. Bravo.

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  3. vegas sur sarthe21 août 2011 à 15:36

    Un wagon de jeu de mots, ça transporte!

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