Comme il n'avait pas un sou en poche il se décida à emprunter un couloir - le seul qui se présenta - en se jurant bien de le rendre à la fin, bien qu'il lui paru sans intérêts.
Arrivé à ce qu'il estima être le milieu du couloir c'est à dire l'égale distance entre ses deux bouts, une voix désagréable l'interpella : "Vous cherchez quelque chose ou quelqu'un?"
"Oui" dit-il d'une voix qu'il voulait assurée - comme si on pouvait assurer une voix - "Je cherche un mot, une image, une citation voire même les trois à la fois"
"Et quel mot cherchez-vous précisément?" reprit la voix désagréable.
"Euh... justement, je cherche un mot que j'ignore. Voyez-vous, je connais celui de la semaine passée - c'était un mot cru - mais pas le prochain"
"Voyez si celui qui est inscrit devant vous peut faire l'affaire" répondit la voix désagréable.
Sur le mur dudit couloir il y avait un écriteau qui disait "Couloir" et comme il semblait faire l'affaire il prit le mot.
"Et pour mon image?" questionna-t-il.
"Allez au bout du mot" rétorqua la voix.
"Euh... de quel mot?" bredouilla-t-il.
"Celui de l'écriteau" soupira la voix désagréable et soupirante.
Honteux, il emprunta la seconde moitié du couloir qui le mena à l'autre bout puisqu'il en comportait deux.
Dressé devant lui, un tableau aux yeux immenses comme des phares éclairait le bout du couloir et il n'eut pas besoin de questionner.
"C'est Gustave Courbet" expliqua la voix explicative.
Comme il ne ressentait aucun penchant particulier pour le tableau il tordit le cou de droite puis de gauche avant de dire "Pouvez-vous m'expliquer en quoi il est courbé?"
"Parce que c'est son nom" dit la voix "c'est un auto-portrait de Gustave Courbet"
Il retordit le cou cette fois de gauche et de droite : "Et à part ces deux phares, en quoi celà fait-il penser à une automobile?"
"Qui a parlé d'automobile?" explosa la voix désagréable et explosive "j'ai juste dit auto-portrait".
"Pardon... d'habitude un auto-portrait représente des bagnoles"
"C'est désespérant !" conclut la voix désagréable et désespérée.
En effet, en s'approchant de l'oeuvre il put lire "Le désespéré" mais il l'oublia aussitôt car il avait déjà son mot.
Il sentait bien qu'il abusait, pourtant il insista : "Et pour ma citation?"
"Celle-ci vous plaira peut-être" hésita la voix hésitante "Ce qu'on dit de soi est toujours poésie"
"Et qui est ce con?" osa-t-il demander.
"Ce qu'on... avec un Q" exulta la voix désagréable et courroucée "... s'appelle Renan!!"
"Même avec un Q, pour moi c'est de l'hébreu" bredouilla-t-il.
"Normal" répondit la voix "c'est du Renan"
"Ah? c'est un hébreu, ce Renan?"
"Non, mais sachez que de son vivant il l'enseigna au Collège De France" conclut la voix en s'évanouissant.
Resté seul, il tourna le dos au portrait pas courbé et décida de réemprunter le mot - enfin le couloir - puisque c'était écrit ainsi.
Arrivé tout au bout, le tout premier des deux bouts, il se sentit soulagé; il avait obtenu ce qu'il voulait, son mot, son image aux grands phares et cette citation étrange "Ce qu'on dit de soi est toujours poésie"...
Ainsi depuis toujours il faisait de la poésie sans le savoir? Ce Renan ne lui disait rien qui vaille, non rien du tout, pensez-donc, un type qui enseignait l'hébreu !
Passe encore d'emprunter un mot avec deux bouts, un auto-portrait pas courbé et sans bagnole, mais de la poésie en hébreu...
Arrivé à ce qu'il estima être le milieu du couloir c'est à dire l'égale distance entre ses deux bouts, une voix désagréable l'interpella : "Vous cherchez quelque chose ou quelqu'un?"
"Oui" dit-il d'une voix qu'il voulait assurée - comme si on pouvait assurer une voix - "Je cherche un mot, une image, une citation voire même les trois à la fois"
"Et quel mot cherchez-vous précisément?" reprit la voix désagréable.
"Euh... justement, je cherche un mot que j'ignore. Voyez-vous, je connais celui de la semaine passée - c'était un mot cru - mais pas le prochain"
"Voyez si celui qui est inscrit devant vous peut faire l'affaire" répondit la voix désagréable.
Sur le mur dudit couloir il y avait un écriteau qui disait "Couloir" et comme il semblait faire l'affaire il prit le mot.
"Et pour mon image?" questionna-t-il.
"Allez au bout du mot" rétorqua la voix.
"Euh... de quel mot?" bredouilla-t-il.
"Celui de l'écriteau" soupira la voix désagréable et soupirante.
Honteux, il emprunta la seconde moitié du couloir qui le mena à l'autre bout puisqu'il en comportait deux.
Dressé devant lui, un tableau aux yeux immenses comme des phares éclairait le bout du couloir et il n'eut pas besoin de questionner.
"C'est Gustave Courbet" expliqua la voix explicative.
Comme il ne ressentait aucun penchant particulier pour le tableau il tordit le cou de droite puis de gauche avant de dire "Pouvez-vous m'expliquer en quoi il est courbé?"
"Parce que c'est son nom" dit la voix "c'est un auto-portrait de Gustave Courbet"
Il retordit le cou cette fois de gauche et de droite : "Et à part ces deux phares, en quoi celà fait-il penser à une automobile?"
"Qui a parlé d'automobile?" explosa la voix désagréable et explosive "j'ai juste dit auto-portrait".
"Pardon... d'habitude un auto-portrait représente des bagnoles"
"C'est désespérant !" conclut la voix désagréable et désespérée.
En effet, en s'approchant de l'oeuvre il put lire "Le désespéré" mais il l'oublia aussitôt car il avait déjà son mot.
Il sentait bien qu'il abusait, pourtant il insista : "Et pour ma citation?"
"Celle-ci vous plaira peut-être" hésita la voix hésitante "Ce qu'on dit de soi est toujours poésie"
"Et qui est ce con?" osa-t-il demander.
"Ce qu'on... avec un Q" exulta la voix désagréable et courroucée "... s'appelle Renan!!"
"Même avec un Q, pour moi c'est de l'hébreu" bredouilla-t-il.
"Normal" répondit la voix "c'est du Renan"
"Ah? c'est un hébreu, ce Renan?"
"Non, mais sachez que de son vivant il l'enseigna au Collège De France" conclut la voix en s'évanouissant.
Resté seul, il tourna le dos au portrait pas courbé et décida de réemprunter le mot - enfin le couloir - puisque c'était écrit ainsi.
Arrivé tout au bout, le tout premier des deux bouts, il se sentit soulagé; il avait obtenu ce qu'il voulait, son mot, son image aux grands phares et cette citation étrange "Ce qu'on dit de soi est toujours poésie"...
Ainsi depuis toujours il faisait de la poésie sans le savoir? Ce Renan ne lui disait rien qui vaille, non rien du tout, pensez-donc, un type qui enseignait l'hébreu !
Passe encore d'emprunter un mot avec deux bouts, un auto-portrait pas courbé et sans bagnole, mais de la poésie en hébreu...
Bien vue cette traversée du couloir en "jeu de piste" qui nous emmène au trésor : les trois ingrédients y sont et la voix, pas si désagréable...
RépondreSupprimerBravo !
Magnifique..je me suis délectée du début à la fin. Quel talent ! Merci
RépondreSupprimerBien racontée cette recherche de la consigne ! Subtilité et humour :-) - Bravo Vegas.
RépondreSupprimerLa foule debout sur les gradins s'écrie en unisson :
RépondreSupprimerEXCELLENT ! EXCELLENT ! EXCELLENT !
tout en se murmurant :
Ben oui, normal, après tout, c'est du Vegas !
Et c'est ainsi que Vegas est grand ! Et surtout que Tournesol, Watson, le chapelier fou et Kid Ordinn habitent son oeuvre magistral (et Thé au logis-que) pour notre plus grand bonheur !
RépondreSupprimerJ'aime bien ta démarche pour observer, respecter la consigne et j'admire ton cheminement.
RépondreSupprimerBravo Vegas !