Dans un abominable tournoiement de voyelles et de dentelles la folle de Chaillot, suivie d’une kyrielle de chats énamourés qui miaulent leurs émois d’en chaleur du mois d’août, vint s’affaler sur le divan de Siegmund Freud.
- Je suis claqué, dit Jacques Lacan.
- Je ne suis que laqué dit le canard chinois en claquant le pupitre.
- Je m’en fous, dit la folle. Envoyez le yaourt que je pédale dedans (1) ! Parlez-moi comme si je ne prenais pas langue avec un émissaire d’un pays étranger. Dissolvons l’absolu, chatouillons le sublime et le subliminal, sublimons le guili-guili. Tirez-moi la languette et ce sera bien le diable si de l’automatique ne sort pas ne serait-ce qu’une balle perdue, celle dont Bourvil chantait qu’il ne s’en souvenait plus. Je vous émoustillerai, mon Siegmund de mes deux, à la Salpêtrière. Mais les douaniers qui arraisonnent la cargaison de mon désir me retiennent un chouïa dans leur vilaine casemate. Il vous faudra attendre, en fumant votre épouvantable cigare, que je reprenne goût à la grande vadrouille et que la patrouille me relâche. Iatrophobe dissolue, aristocrate batifoleuse, je n’aurai de cesse, ô mon bien aimé, que d’être consommée, consumée, comprimée plutôt que périmée du périnée. Amoureuse rieuse, amulette ombrageuse, allumeuse lulumignonne autant que fanion bourguignon, terrible amuse-gueule d’agapes tonitruantes, je chialerai, je piafferai si ne sort pas de sous ma tiare de diablesse quelque lapsus parlant, quelque association d’idées folles dont tu feras ton miel. Hérisse-moi le poil, tire sur le cheveu jusqu’à la voie lactée : à l’infini du tif se trouve l’inconscient sourire du yaourt, l’épastrouillant, le diabolique bifidus, celui qui n’a foi qu’en lui-même et en son double négatif, la petite morue prise dans les filets du remords cœur d’artichaut lapin des Landes. A la saison des pêches, récoltez les noyaux, ramenez-les at home et mettez-les dans des bocaux pour les vendre au Trocadéro tandis que s’amenuise le sens de la tirade au nez de Cyrano. A la fin de l’envoi, te touché-je, mon gros ? ».
La folle, se tournant, vit que Lacan dormait avec le chat Zigmund sur le plateau de go.
Elle partit sans payer et sourit au printemps. Faites-en autant !
(1) Contrairement à ceux qui trouvent le Giro dur, la folle de Chaillot trouve le Giro doux.
T'aurais jamais dû, Joe !
RépondreSupprimerT'aurais jamais dû mettre de LSD dans ton yaourt ! ;-)
Léviter Sans Derrida...
Supprimerétait trop tentant !
;-)
Je trouve qu'il y a un peu, voire beaucoup de Derrida chez toi :
Supprimer"Derrida a la réputation d'être un écrivain difficile, exigeant pour son lecteur, même pour des philosophes. Son style est dense, il pratique de nombreux jeux de mots et affectionne les allusions. Sa lecture, souvent déconcertante et nécessitant de nombreuses relectures, révèle des ouvertures sur l'avenir de la philosophie." ;-)
Très riche comme toujours... je me suis régalé de la balle perdue de Bourvil :)
RépondreSupprimer... je cherche encore "le double négatif du bifidus"...
RépondreSupprimer;)
Te lire, Joe, est partir en safari à la poursuite du fou-rire. Et c'est soi-même qui finit mort (de rire).
RépondreSupprimer@ santoline : le double négatif du bifidus, serait-il qu'il combat la constipation ET la diarrhée ??? C'est vraiment un miracle, quand on y pense...
Ben alors, ce bifidus soit disant actif, s'il combat les deux, il sert à RIEN ??
Supprimer:))