ZEN par joye

Nous étions jeunes, beaux, et voisins. Lui habitait la 346 et moi la 348. Nos escaliers faisaient toujours la bise, au contraire de nous. Nous nous ressemblions en tout sauf nos horaires. Lui nocturne, moi matinale. Quand je sortais vers 6 h, je voyais les empreintes de ses pas dans la neige. Quand il sortait le soir, il voyait la lumière luisant de ma fenêtre. Quand je m'absentais le week-end pour aller voir mes parents, lui était libre de faire la fête bruyante, sans peur de me déranger. Souvent le lundi matin, une de ses invitées sortait en même temps que moi, encore habillée en soirée. Quand mon voisin ne rentrait pas aux petites heures, je félicitais silencieusement l'élue qui avait réussi à le distraire à un tel point. Rarement, très rarement, on sortait la poubelle en même temps. La mienne bourrée de pélures d'orange, la sienne retentissant de cannettes vidées. Nous étions jeunes, beaux, et voisins. Voyez-vous, nous avions tous en commun, sauf l'amitié. Et c'était mieux ainsi.

4 commentaires:

  1. C'est qui qu'on félicite ? ;)

    RépondreSupprimer
  2. Joye ! je ne t'avais pas reconnue derrière tes pelures d'orange ! :))
    Jolie petite histoire ... sans regret.

    RépondreSupprimer
  3. Deux façons bien différentes de vivre la vie.
    Elle l'a échappé belle ! Il aurait pu jeter son dévolu sur elle...
    Une version moderne de la cigale et la fourmi.
    Très joli texte et belle interprétation de la consigne.

    RépondreSupprimer
  4. Deux destins non croisés et une manière zen pour le raconter!

    RépondreSupprimer