Rembrandt. Jeune fille à la fenêtre. |
Alors qu'il avait descendu la ruelle à la hâte pour ne pas manquer
l'omnibus, faisant résonner contre les murs de pierres le claquement de
ses brodequins ferrés sur les pavés, Victor avait cru distinguer à la
fenêtre de la maison des Fouinart la silhouette d'une femme.
Que pouvait-elle faire à une heure aussi matinale à la fenêtre ? Il
n'avait pourtant pas reconnu la mamé qui passait le plus clair de son
temps à observer les allers venues de la rue bien qu'elle
n'y voie plus guère à cause d'une hémiplégie faciale contractée un
jour de guet par grand froid qui lui avait laissé une paupière à
demi-close. Ça lui apprendra à yeuter.
Non, ça ne pouvait pas être la mamé, elle était toujours vêtue de
noir et ne portait jamais de foulard. Il avait cru apercevoir dans
l'encadrement de la fenêtre, un arc en ciel de couleurs autour du cou
de la femme au teint blafard.
Et si Rosalie l'intrigante était revenue ? Lui qui avait mis tant
de temps à l'enfouir dans les tréfonds de sa mémoire et s'était juré de
l'oublier ... même si parfois
au moment des vacances il se surprenait à espérer son retour gardant en
mémoire leurs espiègleries du passé.
Avait-il vraiment vu Rosalie ce matin ?... pourquoi son coeur se
mettait-il à battre pour cette volage, n'avait-il plus de mémoire ?...
aurait-elle l'aplomb de ressurgir dans sa vie ?... voudrait-elle
renouer ce lien mystérieux qui les avaient rendus complices et qu'elle
avait brisé, le laissant dans l'amertume et l'incompréhension ?
Victor
ne parvenait pas à définir les
contradictions qui l'animaient, mais une chose était sûre, il
connaissait les limites du possible avec Rosalie et saurait se tenir à
distance même s'il devait lui en coûter.
Enfoncé dans le fauteuil de skai rouge de l'autobus, il releva son
col, enfouit son visage dans le revers de sa vareuse, bercé par les
cahots de la route il ferma les yeux et dans un demi sommeil retrouva
Rosalie.
J'adore !
RépondreSupprimerTon texte est impeccable, Santoline. Vraiment impeccable.
EXCELLENT !!!
Bravo !
Et un grand merci.
J'ajoute que la scène se déroulait comme un film pour moi. J'adore.
SupprimerEt je lirais bien une continuation, mais, comme j'ai déjà dit, cette petite équisse est déjà impeccable.
Re-brava !
moi aussi j'aimerais bien connaître la suite :)) !!??
SupprimerUne jolie histoire superbement racontée !
RépondreSupprimerSi bien racontée qu'en la lisant, je me suis totalement identifié à Victor.
Bravo Santoline !
Merci Victor ! ;)
RépondreSupprimerLe retour de l'enfant prodigue ? Par quel prodige ? On pense à "Maudite Mathilde, puisque te v'la" de Jacques Brel.
RépondreSupprimerLe fait est qu'on n'imagine pas Rosalie autrement que "Victorieuse".
Belle miniature, Santoline !
Joe : "victorieuse" ?... si tu le dis ! je vais y réfléchir ;)
Supprimermerci
Une "fouineuse" de coeurs , sans doute! Joli texte, Santoline
RépondreSupprimermerci Vegas
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