FRISSONS par joye

Depuis une heure, ils suivaient les pas dans la neige.

- Beuh, c'est un gag ou quoi, grommela Martine. Où est-elle passée, Mamy ?

- Non, c'est pas un gag, répondit Charles en grinçant les dents. Tu sais bien qu'elle n'a plus sa tête.

Martine ne répondit pas.

Elle savait ce qu'elle savait de cette vieille garce, mais ce n'était pas le moment, et puis d'ailleurs Charles ne voulut jamais entendre sa moindre observation à propos du caractère de la vieille.

Qui plus est,  il disait encore que ses biens seraient à lui, le moment venu.

Et pourquoi dissiper tout cela dans une maison de retraite quand Mamy pouvait rester chez eux gratos ?

Martine savait que Charles ne comptait pas son temps à elle, les heures qui passèrent si lentement en service à cette vieille bique, pendant que Charles était parti en voyages d'affaires interminables. Ce n'était pas lui qui la nourrissait, l'habillait, la baignait et qui lavait les murs que la vieille barbouillait de ses cr.....

- Tu sais, Charles...

- Chut ! Charles lui coupa la parole. T'entends ?

Martine se tut. Elle n'entendait rien. Mais ses pieds et ses mains brûlaient du froid. Elle avait faim, et elle était morte de fatigue.

- T'entends ? répéta Charles.

D'un coup, elle l'entendit, un déclic de métal. C'était un son familier, mais elle n'arrivait à le placer. Elle regarda Charles. Ses yeux étaient grand ouverts, elle y voyait une compréhension terrible.

Et avant qu'elle ait pu sortir un...« mais qu'est-ce qui te prend ? », elle le vit s'effondrer sur le sol tout blanc au même moment qu'elle reconnut le bruit sourd d'un fusil de chasse.

Martine resta figée, comme font parfois les biches chassées, transie d'une peur blanche. Ses yeux scannaient l'horizon.

Et puis, elle la vit,  la vieille dame, son vieux fusil de chasse ouvert sur le bras, et Martine entendit ses ricanements qui résonnaient aux bords du bois.