Tes yeux sont parfois
si profonds que j’y perds la mémoire…
Tes doigts sont parfois si lointains que je sens l’horizon.
Tes pas sont parfois si pressés que j’en oublie le nord et
que je ne peux faire autre chose que m’asseoir sur une bitte d’amarrage glacée.
Je scrute alors les phalanges crevassées des hommes du port,
leurs godillots usés, leurs traces de sueur et je sens la pitié de tout ce qui
est forcené.
Leur souffle est alors si bestial que je crois entendre
derrière les vitres, l’ambiance pitoyable des karaokés du café du port, là où
les murs de briques cachent des histoires floues et des rengaines stupides qui
nous parlent d’amour comme si ça existait, comme si c’était bon.
Je ne veux pas entendre les mots revêches, grossiers lancés
aux vagues et à l’écume, à la tempête et aux remous et je tâtonne dans la nuit,
à petits pas, à petits cris pour finir au comptoir des histoires sans début ni
fin, épuisée et lasse, couverte par les embruns salés d’une mer en colère.
Tes yeux sont parfois
si profonds que j’y perds la mémoire…
En te cherchant toujours pour fuir mes autres élans, en
navigant vers toi, pour trouver l’incontrôlable force de m’arrêter un jour à quai,
je crois qu’en réalité je m’égare dans un taudis sans toit qui ne protège plus
ni mon corps ni mon âme.
Allons, allons, ne déprimons pas ! Même l'histoire de la fille sans coeur finit bien :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=qX1bVefIw2U
Merci de m'avoir rappelé cette chanson !
Pour s'évader d'un taudis, rien de tel que la perte de mémoire.
RépondreSupprimerJoli texte, Annick SB, il me ramène à Brel et à sa très belle chanson, A'dam ! http://www.youtube.com/watch?v=yYcT2ftVr58
Tout plein d'émotions transmises par tes mots, bravo !
RépondreSupprimer