Photo par Dasha Malice sur Morgue File |
Ce matin d'hiver en venant à sa fenêtre, Rosine aperçoit dans la rue un mendiant, adossé au muret de son jardin. D'un tempérament plutôt généreux, elle pense immédiatement à lui venir en aide. Oui mais, voilà, toute cette neige et ce vent glacial... un peu honteuse, elle retourne vaquer à ses occupations.
Dissimulée derrière ses rideaux, Blanche surveille la rue comme à son habitude. Ce pauvre gueux, faisant l'aumône à la hauteur de la haie mitoyenne séparant leurs deux propriétés, elle l'a aussi vu, forcément. Elle ne peut pas ne pas l'avoir vu...
Blanche et Rosine, cousines germaines, ne se parlent plus depuis le décès de leurs parents, il y a bien longtemps. Leurs pères respectifs, jumeaux, avaient décidé de continuer à vivre l'un près de l'autre et c'est ainsi qu'ils ont construit ces habitations jumelles juste après leur double mariage.
Blanche, connue pour être une vieille avare, se dit qu'elle a ici une occasion en or de détruire cette fâcheuse réputation. Enfilant son manteau de fourrure, elle se précipite à la rencontre du jeune malheureux.
Espérant que son geste soit bien vu de tout le voisinage, elle tire une piécette de son escarcelle et la dépose ostensiblement au creux de la main du jeune homme. Horreur ! elle s'aperçoit au dernier moment qu'elle s'est trompée et qu'au lieu d'une vulgaire pièce en fer blanc, elle lui a remis un louis d'or. Elle essaye immédiatement de le récupérer, mais son geste fait tomber la pièce d'or dans la neige.
Après coup elle se dit que c'est beaucoup trop, mais comme elle est riche, elle peut bien faire un bon geste de temps en temps. Elle pense aussi que Dieu sans doute la récompensera car il aime les bonnes actions.
Pendant ce temps, Rosine prise de remords, s'est ravisée. Le jeune mendiant est toujours là. Prostré dans la neige, il semble chercher quelque chose. Se coiffant de son vieux châle de laine, elle défie le froid et se dirige vers celui qui, à genoux, fouille la neige de ses mains froides. Elle s'aperçoit qu'il est non seulement pauvre, mais aussi aveugle.
Venez avec moi, lui dit-elle, je ne suis pas riche mais ma maison est grande et bien chauffée, vous y êtes le bienvenu et je serais heureuse de la partager avec vous.
Ce jour-là, deux anges trempèrent leur plume dans l'encrier de Saint-Pierre, l'un pour rayer la mention de la pièce d'or sur le carnet où Blanche note tous ses bienfaits, et l'autre pour inscrire l'accueil du pauvre hère, au solde du cahier de Rosine.
♥
RépondreSupprimerTrès joli texte, SklabeZ.
Merci, joye !
SupprimerJe me suis rappelé d'une histoire qui se passe au Moyen-Âge et où deux riches marchands croisent la route d'une vieille mendiante perdue dans la campagne.
J'avoue avoir ressenti beaucoup d'émotions en l'adaptant à la consigne de cette semaine.
Bonjour SklabeZ... Dans la vie ne regardons pas à ce que fait ou pas l'autre, soyons soi-même en toute circonstance, merci.... très beau texte ! JB
RépondreSupprimerBonjour jill bill... Oui, restons comme nous sommes, c'est cela l'essentiel ! Merci pour le compliment !
SupprimerComme quoi on peut s'appeler Blanche et être bien noire à l'intérieur...
RépondreSupprimerTexte touchant.
Sourire d'Ep'
Une Blanche qui est bien loin d'être une héroïne ;-)
SupprimerMerci Epamine !
Comment ? Nous serions espionnés ? Par une Nuée de Secrétaires-Anges ?
RépondreSupprimerJ'ai peine à le croire. ;-)
Je préfère lire et relire cette belle histoire dans laquelle la froidure révèle la froideur.
C'est Edward Snowden qui a cafté, il a révélé à la face du monde, les pratiques inqualifiables de la Notre Seigneur Agency ;-)
SupprimerUne belle histoire. Bien imaginée et j'aime bien la fin avec les anges qui tiennent les comptes des bonnes ou mauvaises actions. Bravo, Sklabez :-)
RépondreSupprimerC'est noté ! et je suis persuadé que les archanges ont fait de même ;-)
RépondreSupprimerMerci du compliment Anne-Ma !