Jean-Mi,
le regard dans le vague, plongé dans ses pensées, songeait tristement
que sa merveilleuse histoire d'amour avec Vanessa était inexorablement
terminée.
La belle harmonie de leur couple, qui depuis quelques temps n'était plus des plus parfaites, s'était définitivement rompue.
Il
errait lamentablement dans son atelier, encore tout étonné de ce qui
lui arrivait, ne mesurant pas tout à fait l'immensité du gouffre de tristesse, de solitude qui s'ouvrait désormais devant lui.
- " Les extrêmes se rejoignent, peut-être - se disait-il - mais jamais bien longtemps ! "
Son monde à lui, c'était la peinture ! Pinceaux, palette, couleurs, il s'évadait ! Artiste, doux
rêveur, Jean-Mi apprivoisait les muses, tutoyait les anges, la tête
toujours dans les nuages, trait de caractère qui, fut un temps, avait
ému et charmé Vanessa et qui, aujourd'hui, l'agaçait prodigieusement.
Vanessa, elle, pur produit fashion week, vivait
sa vie de midinette capricieuse et autoritaire à cent à l'heure.
Personne ne lui résistait. Jean-Mi était littéralement subjugué par sa
beauté, son minois de petite fille modèle, ébloui par cet univers de
frivolité, à des années-lumière de son monde à lui.
Les
ennuis avaient commencé lorsqu'il avait malencontreusement essuyé ses
doigts tachés de peinture sur le foulard griffé, hors de prix, de
Vanessa, ce qui lui avait valu des remontrances acerbes vilipendant son
étourderie, et quelques jours de bouderie.
Puis, au fil du temps, les relations devenaient de plus en plus tendues, la belle entente prenait du plomb dans l'aile !
L'atmosphère s'était considérablement dégradée, lorsque dans un moment d'extase il lui avait déclamé sa flamme :
- " Ah ! mon amour, mon rêve éveillé, tu es si belle, tu as le charme des statues de Botero ! "
S'étant vaguement souvenue des proportions boteresques, Vanessa, folle de rage, lui avait conseillé le port de lunettes, voire le chien d'aveugle et menacé de le quitter.
Puis l'épisode shopping avait définitivement sonné le glas des amours mortes !
Vanessa
essayait un ravissant petit ensemble de lingerie, féminin en diable,
une pure merveille de dentelle, arachnéenne à souhait, taille 36.
- " Peut-être le coloris est-il un peu mièvre, n'est-ce pas jean-Mi ? Sois gentil mon chéri, va me chercher le modèle en bleu. "
Et
jean-Mi, tout au plaisir de lui être agréable était parti voler au
secours de sa belle et s'en était revenu avec un modèle, certes au ton
plus vif, mais … taille 48 !
Elle avait hurlé, le gratifiant d'un " pauvre mec, dégage! " bien senti, avant de s'évanouir.
- " Ce soir, au mieux elle a mal à la tête, au pire je couche dehors ! " s'était-il dit, fataliste.
Toujours envisager le pire !
Jean-Mi s'en était donc retourné à ses peintures, ses aquarelles,
ses portraits et ses modèles, ces belles dames à la carnation délicate,
dont le tour de taille ne se mesurait pas en centimètres mais en
touches de couleur, d'ombre et de lumière.
Et puis, avec elles, au moins, pas de migraines intempestives ! ! !
...
Encore un texte qui est de taille, Sable ! Je pense que tu discutes bien le problème qu'ont quelques couples qui ne sont pas "mètres" de leur vanité.
RépondreSupprimer;-)
Brava et merci !
:-) merci à toi !
SupprimerAprès le dessous taille trente-six, il se retrouve au trente-sixième dessous...
RépondreSupprimeret pour le septième ciel trop de kms à parcourir !
SupprimerJusqu'au dernier paragraphe, j'ai cru que Jean-Mi c'était Jean-Michel Folon...mais lui n'a peint que des hommes aux amples manteaux ... Dans sa galerie, aucune femme version Botero! ;)
RépondreSupprimerJe ne sais pourquoi ;) , j'aime beaucoup "dont le tour de taille ne se mesurait pas en centimètres mais en touches de couleur, d'ombre et de lumière."
Sourire d'Ep'
Chacun ses rêves ;-) :-)
SupprimerL'épisode "shopping" est à bannir de toute manière et bien avant que ne sonne le glas !... erreur d'artiste
RépondreSupprimer:))
Entre les silhouettes à la Giacometti et celles de Botero le choix est pourtant vaste ! ... oui erreur d'artiste rêveur.
SupprimerCe qui est amusant, c'est que quand j'ai rencontré ma meilleure amie (sur internet, marrant ça, grâce à un forum de discussion), elle s'est présentée comme quelqu'un entre Jeanne Calmant (elle n'avait que dix ans de plus que moi !) et un modèle de Botero (elle a perdu 28 kilos depuis). Et panique dès qu'elle en reprend quelques-uns... Pauvre Jean-Mi ! Il me semble que pour un peintre, il n'a pas "le compas dans l'œil" ...
RépondreSupprimer(Pivoine)
Jolie et triste histoire. Mais, il me semble que je comprends ce peintre et sa peinture "...dont le tour de taille ne se mesurait pas en centimètres mais en touches de couleur, d'ombre et de lumière."
RépondreSupprimerBravo Sable. :-)