Ah ! Dieu, veaux, vaches, cochons libérés qui s'envolent ! par Joe Krapov

Lorsque les vaches volent, Djamel se gare des bouses. Elles pleuvent par douze, s’amassent en monceaux, atterrissent en rond et dans le saint des saints de ce cercle d’initiées les nouveaux religieux de l’ordre du Tartuffe viennent caresser l’espoir que poussera ici l’aiguille du Midi.
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L’aiguille du midi, c’est l’heure du maçon. J’écris alors au fil à plomb, avec un vil aplomb, des histoires verticales sur les murs de la ville. Le passant peu pressé s’arrête, lit mes bêtises et se gondole comme Sheila et Ringo à Venise. Il lui pousse au thorax un maillot à rayures et, sur sa tête hilare, un beau chapeau de paille avec un ruban rouge. L’Eglise Notre-Dame devient un campanile qui penche pour la solution de faciliftée et la Vilaine se refait une beauté en détournant son cours vers celui de la lyre ou plutôt de la lire car on y est revenus depuis que la nymphe Europe fait de l’œil aux taureaux de son beau regard franc aux lignes bleues des Vosges. Midi c’est l’heure de casser la croûte pour le maçon mais pour cent bricks, tu n’as plus rien comme bateau sinon ceux de papier que tu peux fabriquer si tu as retenu les schémas de l’enfance.
Justement, la vieillesse c’est quand tu t’aperçois que tes souvenirs d’enfance n’intéressent plus personne, que Cyrille Guimard n’a jamais décroché son doctorat d’espoir et qu’on ne te volera pas le vélo à son nom, pas plus qu’un Poulidor, car il ne fait pas bon arriver en second au pays où les loups portent des masques d’homme, voyagent en avion, abattent des forêts pour pousser leurs camions. Les arbres explosent en silence, tous les Chinois rêvent d’un carrosse à défaut de trouver une Chinoise à leurs pieds car ils ont trop serré le numérus clausus et ne croient pas au Père Noël.
Le temps s’arrache, inexorable, de la machine à lover et le tambour s’attache à délaver l’inessorable, à blanchir le persil des narines, à coller des pains à l’azyme glouton, à réduire les bonus sans nous faire de cadeaux sauf à Arielle Dombasle que j’échangerais bien contre deux barils de poudre d’escampette quand elle chante ou quand BHL trompette. Direction un pays de cathédrales folles, de vaisselle cassée, de montres molles, de maisons sans lignes droites, de fenêtres monstrueuses pour dévorer l’ado qui ne sort plus de sa turne.
Thabor compo
Direction le parc du Thabor ! Je promène un jardin au bout d’un baluchon, je capture des ailes d’anges tatouées sur des blousons, je regarde bronzer les dernières liseuses même pas numériques, j’envie les affalées aux âmes d’azalées, le nez dans le soleil, les pieds dans la fontaine. Je me nourris des roses, de ces monceaux de roses qui parfument la ville et je pourrais mourir avec la bouche bée pour peu que les abeilles viennent butiner ma luette, ma gentille luette et je me plumerais avec tout le Québec en ces temps de Canada dry et de sécheresse de ton des chenilles qui disent « Minute » aux papillons.
trois boutons de rose
  La postière est enceinte et ça n’est pas de moi de m’en aller ainsi, de la vieille sacoche du facteur suicidé que chantait Moustaki vers la boîte timbrée du village de Trentemoult : je ne me poste pas sur le pas de la porte pour qu’on m’enveloppe du regard ou pour qu’on m’affranchisse du cachet des vedettes ou de leurs secrets d’alcôves . Je me tamponne de certaines flammes. Si mon timbre résonne, c’est que sur le chemin, escarpe de Paulette, je m’apprête à rouler de nouveau, narquois, la société qui m’offre des vacances. Quand la vie m’enchante, je chante !


La postière est en sainte. Le bébé qui naîtra sera sain d’esprit et de corpore sano. Il aura Vénus en lion et la laine en mouton dont il suivra le fil afin de découvrir au bout de son chemin l’étoile du Berger. Moi, de toute façon, je suis comme Maryvonne, je ne sais plus où j’habite. Je lui laisse les pépins, au mouflet. Qu’il renaisse en pommier, moi je garde la cerise, je continue d’écrire sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, les mêmes cartes postales qui font plaisir aux gens même s’ils les reçoivent après que je suis revenu mettre un coup de soufflet dans l’anus des cochons afin qu’ils volent vers Monterfil pour y jouer du biniou. C’est quand même grâce à moi, à mon souffle magique, à mes fausses notes de rêve, qu’il pleut de la saucisse sur toute l’Ille-et-Vilaine, non ?
Et tant pis pour ceusses-là qui n’ont pas de galette. Comme a écrit Jules Verne « Seul est vraiment libre l'homme qui ne possède rien ».
- Justement , répond l’oiseau-Bakounine, ma propriété, c’est le vol !
S’il n’y avait pas ces faillies vaches qui planent, nous étonnent et nous tannent d’explosions de méthane, on serait au paradis, non ? 
Bien sûr que si, et cela même dans une Bretagne à quatre départements !
MIC 2014 06 02 cochon gallésie

7 commentaires:

  1. Salut, Joe, je n'ai pas reçu ta troisième photo, il y a comme un problème chez Canalblog storage ? Désolée !

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  2. Oui, ca zone beaucoup côté images chez Canalblog ces temps-ci pourtant elle s'affichait bien sur mon site "cahier de brouillon". Elle est ici (la cinquième). ce n'est pas très grave, c'est surtout la dernière qui était importante !

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  3. http://krapoveries.canalblog.com/archives/2014/05/26/29954823.html

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    1. Voyons si j'ai su choisir la bonne.

      Ou au moins le valet de chambre.

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    2. ;-) C'est parfait ! Tout va très bien, Madame la marquise ! ;-)

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  4. Ha ! Quel texte "j'écris alors au fil à plomb, avec un vil aplomb, des histoires verticales sur les murs de la ville. Le passant peu pressé s’arrête, lit mes bêtises et se gondole comme Sheila et Ringo à Venise."
    MERCI pour ce bon moment de lecture Joe Krapov
    ET MERCI POUR L'INFO ;-)
    Gallésie en fête 2014
    Comme à la Mezon !
    .

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  5. Tu vois le principe d'une cascade, d'un escalier descendu quatre à quatre... eh bien ton texte me donne la même agréable sensation de légèreté, de cadence, de joie de vivre et de moral au beau fixe...
    Chez nous il pleut comme vaches qui pissent et chez toi comme vaches qui pètent!
    Merci quand même pour cette bouffée d'oxygène...
    Sourire d'Ep'

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