Il n'y a rien de plus triste qu'une vie sans hasard. -Honoré de Balzac
De nombreux hasards ont éclairé ma vie et celle de mes proches.
Il y a eu l’idée farfelue d’un ancêtre alsacien de choisir l’Algérie, un demi -siècle avant la seconde guerre mondiale, mettant ainsi toute une branche de la famille de mon papa à l’abri des camps de la mort.
Par suite d’une orientation foireuse, je m’étais retrouvé dans un cursus littéraire, autant dire que ce n’était pas gagné. D’autant plus que j’avais accepté de me présenter au concours d’entrée à l’école normale et que pour cet examen je partais vraiment gagnant…sauf que- hasard ou acte manqué ?- j’ai fait un superbe contre sens sur la dissertation et me suis fait immédiatement éliminer.
Je me souviens d’avoir choisi médecine, pas tellement pour « sauver des vies », mais plutôt par un amour immodéré et égoïste de l’étude. Je me souviens que pendant mes cours de philosophie, je copiais les cours de chimie de première année de médecine pour les apprendre par cœur, sans en comprendre la moitié.
Je me souviens du bonheur d’assister aux cours pendant cette première année, même si je n’avais pas d’amis. C’était le début du numerus clausus, il était plus léger qu’aujourd’hui, mais ça suffisait déjà à installer une ambiance pourrie entre étudiants. Nous étions 700 : 160 passeraient en deuxième année de médecine et 50 en dentaire. A l’examen, j’ai tiré certaines réponses à pile ou face : à l’époque j’avais une pièce exprès pour ça…Bref, au final contre toute attente, j’avais la moyenne suffisante pour passer ; mais quand on a appelé mon nom il ne restait que des places en dentaire : je me suis levé et j’ai déclaré (comme d’autres étudiants)que je préférais redoubler plutôt que devenir dentiste* …Je crois que c’est la seule faculté où le doyen nous a dit : « dans la fac voisine ils n’ont pas rempli leur 2ème année tentez votre chance ».
Nous l’avons fait et nous avons été acceptés, ce fut la seule et unique fois. (au vu de mes lacunes scientifiques, il m’aurait été impossible de renouveler l’exploit d’être reçu à un deuxième concours).
Par la suite, j’ai vraiment cru que j’allais devenir médecin généraliste, même si j’étais consterné par le hiatus entre l’enseignement et la réalité du métier. En 5ème année, je me trouvais en stage en ORL ; je n’aimais pas beaucoup cette spécialité et le patron me terrifiait. Un étudiant vivait le même type de calvaire en ophtalmologie : nous avons échangé nos stages avec l’accord de nos patrons. Je suis arrivé en ophtalmologie…je n’ai plus jamais voulu en partir.
*pardon à mes amis dentistes
C'est ce que j'appelle un cursus "couronné" de succès :)
RépondreSupprimerUn récit qu'on suit "sur les dents" et qui rappelle qu'à vingt ans la vision de l'avenir est plutôt hasardeuse !
RépondreSupprimerPour bien voir, rien ne vaut l'oeil du maître.
RépondreSupprimerBravo, docteur Zig !
Bravo pour le texte et le cursus.
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