MOT CLÉ : LIVRE par Joe Krapov

On y plonge le nez dès l’enfance et l’on trouve

D’impossibles ailleurs, calé dans le divan ;

Des pyramides au désert, battues de vent

Sous lesquelles flamboie l’or d’un masque de louve.

On sort toujours du livre auréolé d’envie,

Aux anges et, parfois même, désarticulé.

Rencontre d’étranger, d’idoles adulées,

D’îles aventureuses où l’on risque sa vie,

Ces possibilités de paradis futiles,

Malgré la bienveillance absolue de la mère

Ou de quelqu’un dans la famille, oncle, grand-père,

Vous rendent différent des autres inutiles.

Vous ne céderez pas à ces grosses ficelles

Qui font d’eux des pantins absorbés par l’argent.

Les blés du sol natal rendent plus exigeant

Celui qui cherche le frisson à grande échelle.

Ah, lire ! Ouvrir la porte à nos imaginaires,

Ne pas résoudre cette énigme de la lettre,

Du mot et de la phrase et de cet art de mettre

En arrêt notre corps devant ces caractères !

Pour l’Œdipe égaré dans des contrées amères

Le livre fait entendre un vieil air de syrinx,

Une musique douce émise par ses frères

Qui permet de répondre à la question du Sphinx.