L'INCONNUE DU BANC par SklabeZ

Les familles de promeneurs du dimanche flânent et passent comme au ralenti devant moi. Je les aperçois à peine,  je ne les vois pas.

Assis sur un banc de la jetée, les yeux vagues, mon regard est perdu sur l’horizon.

Bercé par le bruit régulier de la houle, mes horribles pensées se dissipent petit à petit et l’engourdissement me gagne. Il m’envahit d’une sorte de torpeur et mon imagination reprend peu à peu les commandes. Mon esprit et mes pensées vagabondent, se lâchent et m’invitent dans leur monde délirant et psychédélique.

C’est à peine si je remarque ma nouvelle voisine. Une inconnue. Sans en avoir été invitée, elle est venue s’assoir tout près de moi sur le banc.

Sa présence m’intrigue, il y a en effet une multitude d’autres bancs libres et disponibles sur cette longue jetée, alors pourquoi moi, pourquoi a-t-elle choisi mon banc ?

Un léger parfum titille mon odorat. Il n’est ni capiteux, ni enivrant, il est juste suave et très discret. J’aime !

Je la regarde du coin de l’œil, J’aperçois ses fines mains et ses jambes sont longues et fines aussi. Elle ne bouge pas. Elle aussi, regarde la mer.

Je me tourne résolument vers elle. Elle fait la même chose. Nos regards plongent l’un dans l’autre. Elle ne se détourne pas.

Elle est belle ! Très belle !
Mince et élégante, la taille est fine, les traits fins et délicats.
Elle est belle ! Elle est belle comme un rêve ! Une beauté parfaite !
Une déesse !

Je me dis qu’il y a sûrement erreur sur la personne. Elle se trompe, ça ne peut pas être moi ... je ne la connais même pas … Je me pince.
Je chasse très vite ce sentiment de culpabilité. Le moment est trop beau. Plus heureux que ça, je meurs.

Une déesse ! Une déesse qui me sourit.

D’abord imperceptible, l’assaut des vagues se fait réentendre, progressivement. Le bruit s’accroît, en cadence, chaque vague plus forte que la précédente. Ce bruit qui entraîne mon émotion avec lui, ce bruit et mon émotion qui finissent par cogner dans ma tête et dans tout mon être.

Tout mon être est en émoi.

Son parfum attire, son regard caresse, son corps divin promet le bonheur. Je suis ému et saisi d’une irrésistible envie de l’enlacer et de l’embrasser.
La volupté m’appelle.

D’une voix tremblante elle me chuchote des mots d’amour, elle me dit, je suis à toi. Je pose mes lèvres sur ses beaux yeux et, délicatement, défais les agrafes de sa robe. Ma main glisse sur son sein qui se pâme et nos deux corps enlacés, enivrés, s’envolent…
L’amour nous couronne, nous filons vers le bonheur !

Une vague, plus forte que les autres, s’explose soudain sur la jetée. Nous sommes éclaboussés et frigorifiés.
Nous sommes trempés ? Non ! Je suis trempé. Elle, non !
Elle n’est plus là ! Elle a disparu !
Ma beauté au regard infernal et divin a disparu.

Elle n’était là qu’en rêve. Un rêve en forme d’effraction.

Elle est rentrée par effraction dans mon cœur.

8 commentaires:

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    1. Douée, la petite ! En tout cas son rêve, elle le vit bien.

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  2. vegas sur sarthe5 février 2012 à 11:23

    Moi aussi, depuis j'ai arrêté le chouchen :)

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    1. Vegas, toi qui a bien regardé ce qui s'est passé, tu peux me raconter s'il te plait.
      Chouchen plus fumette, me souviens plus de rien.
      Alors, elle était comment ? ;-)

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  3. Dorénavant je ferai attention quand j'irai m'asseoir sur un banc au hasard ... en même temps je ne suis pas une déesse... ou alors une 19 de collec. ;)
    Tu délires très bien SklabeZ !
    @ Vegas : Je connaissais l'hydromel mais pas la version chouchen.
    Ce blog est un puits de sciences !!^^

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    1. Tu as raison Santoline, toujours bien regarder avant de s'asseoir... Imagine un peu, tu te fais embringuer dans une histoire comme ça, c'est un coup à ne pas s'en remettre !

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  4. La mer hallucinogène, c'est où ? ;-)
    Bien trouvé ce rêve. Bravo.

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  5. C'est tout près de chez toi, Anne-Ma, ne reconnais-tu pas la jetée ? ;-)
    Ah ma pauvre dame, c'est pas joli joli tout ça hein ! Quel exemple pour la jeunesse !!! ;-)
    Merci, Anne-Ma.

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