C'EST LA FAUTE À HORTENSE par SklabeZ


Coup dur ! Tata Hortense vient de passer l'arme à gauche. La première chose qui me vient à l'esprit c'est qu'elle n'aura pas profité de son pognon. Moi non plus d'ailleurs, je n'en profiterai pas. Tata Hortense n'avait pourtant plus que moi mais elle ne m'aimait pas du tout. J'étais trop bohême, à son goût, elle ne pouvait pas me saquer. Une vraie rapiat, toujours à compter ses sous et aussi ses sentiments. Tu n'en auras pas la queue d'un me disait-elle, tout ira aux bonnes œuvres.

L'emmerdant dans cette affaire c'est que j'ai même pas un costard à enfiler pour les obsèques. J'ai bien une veste, mais pas le futal qui va avec.

Pas question de faire les magasins, je n'y suis pas à l'aise et je ne sais pas choisir. Les vendeuses en profitent pour me refiler des trucs que je n'aime pas et qui ne me vont pas non plus.

Reste la friperie, c'est là que j'ai dégoté mon vieux blouson en cuir avec des franges et un grand Elvis dans le dos. Bon d'accord, il est un peu grand mais il me plaît bien, pas délicat du tout question entretien, je le mets pour les soirées bibine avec les potes. Attention hein ! C'est pas des gentlemen, ils sont incapables de décrire Sophia Loren sans faire de gestes.

Et puis, à la friperie je reverrai Gigi, la grande nunuche, toujours amoureuse de moi, mais je m'en tape un peu. Super sympa Gigi, un vrai bon coup pour la bagatelle, mais devient vite chiante quand elle ramène ses sentiments. Ça fait un bail que je ne l'ai pas vue, je me demande bien si elle est toujours aussi sexy.

Allez ! va pour la friperie, ça me fera plaisir de la revoir.

La patronne, Mme Martin, est une vieille bique, lèvres gercées, aigrie, toujours à houspiller et menacer ses vendeuses. Gigi et ses copines la craignent, elles en ont peur, peur de perdre leur place.

Gigi a fini par mettre la main sur un falzar à peu près à ma taille. Je le trouve un peu trop habillé, il n'ira jamais avec ma veste sport, lui dis-je.

- T'inquiète ! passe-le, juste pour voir s'il faut faire un ourlet.

Elle m'agrippe, m'entraîne dans la cabine d'essayage et, d'un geste rapide referme rapidement le rideau sur nous…

Alors là, je vous raconte pas ! On va dire que la température est montée très très vite !

Soudain, le rideau s'ouvre brusquement. Campée dans l'embrasure de la porte, mains sur les hanches, la vioque Martin nous surprend en très mauvaise posture, elle nous fusille du regard.

Gasp ! Les emmerdes commencent !

Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer !

10 commentaires:

  1. On dirait du Audiard, c'est pourquoi la chute tombe pile poil avec la citation! Bravo!

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    1. Audiard, une référence, un monument !

      J'ai énormément d'admiration pour lui. Merci vegas.

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  2. Oui, c'est super, inoubliable, drôlos et vraiment bien raconté ! Du grand art, SklabeZ !

    :-)))

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    1. Merci joye !
      Audiard l'aurait certainement beaucoup mieux racontée que moi.

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  3. j'aime ... c'est vrai que c'est pas facile de décrire Sophia Loren sans les mains

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    1. Merci Zigmund.
      J'ai moi-même essayé et je n'y suis pas arrivé, et pourtant, je me suis appliqué ;-)

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  4. Pas si nunuche que ça Gigi hein ?... si tante Hortense voyait ça !! :))
    Très vivant et bien raconté.

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  5. Ben, il s'en passe des choses dans la friperie :-) - J'espère que gigi ne va pas perdre sa place. J'aime bien ton histoire et la dernière phrase est du top :-)

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  6. C'est pour ça qu'on met des rideaux dans les cabines d'essayage... pour ne pas voir ce qui s'y passe ;-)
    Rassure-toi pour Gigi, elle a toujours su rebondir.
    La dernière phrase, je l'ai empruntée à Audiard, comme celle-ci : "Le jour est proche où nous n’aurons plus que “l’impôt” sur les os."
    Merci Anne-Ma.

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