Logogriphe par Joe Krapov

Galerie de tableaux.
Ancêtres encadrés.
Lueur des candélabres.

Lecture du testament au salon délabré.

Cette vieille baderne de Maître Abélard nous balade par-dessus les cendres de l’aïeul refroidi.

La tante Anna, toute râblée, se racle la gorge et secoue son vison crade. Elle espère devenir le leader de la bande.

Cette vieille carne de cousin André s’est fait du lard depuis qu’il habite le Béarn mais il semble toujours avoir les neurones en rade et la matière grise en berne.

Carla la vénéneuse n’a pas bâclé sa tenue de gala. La calandre impeccable, balancée comme un tanagra avec juste ce qu’il faut de béance dans le décolleté au vu des circonstances. Pourtant, dans les bénards, aucun des mâles présents ne bandera pour cette garce au calbar noir car chacun sait comme sous son crâne son âme est celle d’un vieux ladre.

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Photo de Carla et de son frère enfants avant que celui-ci ne se noie – ou ne soit noyé - dans des eaux et des circonstances troubles.
Nul n’est blanc dans cette famille dont je connais tous les arcanes. Dans ce panier de crabes tout le monde canarde, charge, cancane ou assassine.

Mais nous arrivons au moment où le notaire, les yeux cernés et la voix grise, met la machine en branle et décerne les prix.


Tante Anna s’est cabrée, André a renâclé, Béa a râlé, Carla est restée clean et moi, le décalé de la bande, j’ai rigolé quand l’homme de loi matois a clamé la débâcle et déclaré, funeste barde, que la fortune du vieux grigou ne consistait qu’en une clé, celle de sa cabane de pêche du port ostréicole de La-Teste-de-Buch en Gironde.


Mon frère Bernard, acerbe, a accusé Béa d’avoir bradé les sous chez son dealer pour se shooter avec le vieux. Carla nous a traités de brelan de fripouilles. Bref tout le monde est parti furax, ébranlé, braqué sans même se serrer la paluche.


J’ai empoché la clé dont personne ne voulait, j’ai remercié l’alcade et enfourché ma bécane.


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Dans la cabane bancale sur le bord du canal, alors que gauche et droite le cherchent vainement, j’ai trouvé le moyen d’opérer la - ma - relance : j’ai assemblé le vieux cadre de vélo rouillé de Papy et la nacre des coquilles d’huître pour en faire œuvre d’art. J’ai fourgué le concept à des FRAC de province et j’expose l’année prochaine à la FIAC tout un tas de ferraille identique ! Croyez-moi, ça rapporte : c’est dans l’art contemporain que les riches d’Arcachon et d’ailleurs investissent leur pognon désormais !
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Merci, merci, Papy d’avoir jeté ici l’ancre de ton incurie et de m’avoir jadis initié à Balzac : « Oublier est le grand secret des existences fortes et créatrices ». Mais c’est vrai, ce n’est pas à la portée de tout le monde, d’oublier d’être con !

Quoi qu’il en soit, héritage ou pas, transmission ou non, candélabre ou pas, je te dois une fière chandelle !

3 commentaires:

  1. Surprenant ta description misogyne de la Carla !

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  2. impressionnante famille pas très fréquentable quand-même et un grand merci au papy

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  3. N’éteignons pas les candélabres Carla fortune sourit aux créateurs :)
    et tu as éclairé notre lanterne : une véritable œuvre d art.

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