Sa petite boutique ne paie pas de mine mais elle est toujours très bien achalandée.
L’intérieur est propre, soigné et joliment agencé.
Faut dire qu’elle s’en occupe amoureusement, Mado. Elle ne compte pas son temps et s’y investit pleinement. Toutes ses journées y passent.
Toujours à la recherche de produits de qualité et privilégiant le terroir chaque fois que possible, elle se plie en quatre pour satisfaire sa clientèle.
Une clientèle qui, ne sachant rien sur elle, l’a néanmoins acceptée, sans lui poser de questions quand elle a débarqué ici pour reprendre cette petite épicerie.
Dans le village, personne ne connaît son histoire, à Mado. Ils n’ont pas cherché à en savoir plus sur elle, trop heureux qu’ils étaient de voir quelqu’un venir redonner vie à cette petite alimentation, fermée depuis trop longtemps déjà.
Finies les corvées de courses au trop lointain supermarché. Pour les villageois l’arrivée de Mado fut providentielle et ils lui réservèrent un accueil des plus chaleureux.
Cette cordiale attention lui fit si chaud au cœur qu’elle s’était demandée si elle ne rêvait pas. Il y a si longtemps qu’elle n’avait ressenti une telle agréable sensation. En échange et tout naturellement, Mado s’intéresse profondément à la vie de ses villageois-clients. L’argent n’est pas sa préoccupation et en plus de leur réserver la meilleure qualité au meilleur prix possible, elle s’enquiert de la santé et du bien-être de chacun. Elle a toujours un petit mot gentil ou un encouragement pour la grand-mère ou le petit dernier. Ayant su développer une vraie belle relation de confiance avec eux elle est même devenue leur confidente. Tout le monde la respecte et l’adore.
Quel changement avec sa vie passée !
Personne ne connaît son histoire, à Mado, et elle n’y tient pas du tout.
Aujourd’hui commerçante, Mado vend des fruits. Auparavant elle était déjà dans le commerce… le commerce de son corps. Une erreur de jeunesse, fascinée par l’appât du gain et l’argent facile. Ne devant rien à personne, indépendante, cette activité de call-girl lui permettait de mener grand train. Appartement de luxe à Paris, belles toilettes, voitures de sport, elle choisissait soigneusement ses clients, hommes d’affaires, célébrités, émirs…
Malgré cette aisance matérielle, elle s’est vite rendu compte qu’elle était spectatrice de sa propre vie et qu’elle n’existait pas. Les plus grands se l’arrachaient, certes, mais c’est son corps qu’ils voulaient. N’en pouvant plus de cette triste existence, sans émotions, sans âme, privée de sentiments, elle décida de tout arrêter, de tourner la page et de quitter cette ville où elle n’était que trop connue.
Le changement est radical. Ses journées sont parfois fatigantes et Mado vit chichement de son petit commerce. Elle vit chichement, mais elle vit ! C’est pour elle une rédemption.
Son emploi du temps est volontairement chargé afin de ne pas laisser place au doute. Le temps passé à ranger et achalander sa boutique, à écouter l’un, à réconforter l’autre, l’empêche de repenser à sa jeunesse ratée, à ces mauvais souvenirs qui pourraient venir lui gâcher cette renaissance. Et quand le soir venu, après une journée bien remplie, elle rentre ses étals et rabaisse le rideau métallique, son esprit se libère et ses vieux démons réapparaissent. Vie facile, appât du gain, luxe, ce sont ses ennemis qui viennent lui rappeler cette grande cicatrice dans son existence.
Cicatrice qu’elle ne réussira jamais à faire totalement disparaître.
Je crois que Mado devrait se pardonner. Merci pour ce texte Sklabez
RépondreSupprimerJ'ai un faible et une grande affection pour ces femmes dites pécheresses, celles qui ne sont pas parfaites.
RépondreSupprimerMerci Anne-Ma
Perso, je ne comprends pas pourquoi la prostitution doive être un crime si l'on l'excerce de sa propre volonté. C'est un peu idiot de dire qu'une femme peut vendre son temps, son sang, un rein, ses oeufs mais pas son corps. Cela n'a pas de sens.
RépondreSupprimerHistoire intéressante, sauf que je n'aime pas qu'elle ne se pardonne pas. Elle a vécu, c'est son crime. Pas le reste.
Je suis entièrement de ton avis et moi non plus je ne comprends pas, elle l'a exercée sans aucune contrainte et ce fut son libre choix. Ce n'est surtout pas moi qui lui jetterai la pierre ou qui lui manquerai de respect.
SupprimerJe ne comprends pas non plus pourquoi elle ne se pardonne pas. Elle culpabilise, à tort, mais c'est aussi son choix et je respecte ce choix.
Ce sentiment de culpabilité est, à mon avis, provoqué par le regard des gens "bien pensants". Imaginez une seconde qu'ils finissent par savoir ce qu'elle a fait avant... Tout s'écroulerait alors... C'est cette nécessité d'entretenir le secret qui la taraude et l'emprisonne. Une épée de Damoclès.
Peut-être même qu'elle était plus libre avant...
Pauvre Mado ! Connaîtra-t-elle la paix ?
Tout commerce laisse des traces... certaines sont plus supportables que d'autres et dans la vie, on fait parfois des choix plus difficiles qu'à l'étalage !
RépondreSupprimerEffectivement !
RépondreSupprimerEt certaines mauvaises langues lui avaient même dit qu'elle arrêtait ce métier parce qu'elle était devenue, trop vieille et trop laide pour continuer à faire la p...
Le regard des gens ! Toujours !
Merci Vegas
Punaise, j'avais raté Mado !!
RépondreSupprimerJe la trouve attendrissante, comme tous ces gens qui ne sont pas conformes à la bienséance.
Ils ont fait des choix, en fonction de ... c'est leur histoire, comme nous tous.
Les regrets, nous en avons tous, (gros ou petits) et chacun les gère comme il peut.
Si Mado est heureuse, elle finira bien par se pardonner.
Tout le monde l'a déjà pardonnée et d'ailleurs, ni moi ni personne n'avons le droit de la juger.
SupprimerIl ne tient qu'à elle de se pardonner pour qu'elle soit heureuse.
Allez Mado, encore un petit effort ! Toi aussi tu as droit au bonheur !
Tout le monde l'a déjà pardonnée et d'ailleurs, ni moi ni personne n'avons le droit de la juger.
RépondreSupprimerIl ne tient qu'à elle de se pardonner pour qu'elle soit heureuse.
Allez Mado, encore un petit effort ! Toi aussi tu as droit au bonheur !