Dans la serre par Édouard Manet, 1879 |
Une journée pas ordinaire
Aout 1879 Paris- L'été est pourri car très frais et humide.
Une ambiance orageuse règne sur la maisonnée
Ils viennent d’annuler par téléphone, les vacances à Honfleur, car belle maman, la mère de Madame vient de rentrer ce matin en clinique à Neuilly, à la suite d’une chute et on ne peut la laisser seule.
Gabrielle et Louis se retrouvent dans leur jardin, dit d’hiver, à la végétation luxuriante, A cette époque toutes les fenêtres sont ouvertes, et l’on respire la fragrance des seringats. Mais même cette exhalaison suave ne les sort pas de leur amertume. Ils sont au bord de la rupture.
Seulement, ils sont prisonniers consentants, car dans cette société bourgeoise du 19°siècle ? On ne divorce pas.
Seules les heures ponctuelles des repas les voient ensemble.
Aujourd’hui ils se rejoignent entre deux rendez vous – (lui aux affaires, elle avec ses amies dans des cercles littéraires)- pour un compte rendu hebdomadaire.
-Très chère avez-vous pensé à envoyer vos cartons d’invitations pour notre réception habituelle annuelle du 25 aout,
-Mon ami, j’ai d’autres choses à penser en ce moment.
-Je comprends aisément ma chère, mais nos préceptes étant ce qu’ils sont, nous devons faire fi de nos soucis domestiques.
-Domestiques ? Vous y allez un peur fort mon cher, il s’agit de ma mère toute de même !
La dispute ne peut éclater, elle est contenue par les bonnes manières acquises depuis des siècles, et dont les gênes sont profondément ancrés en eux. Mais on la sent sourdre.
Madame ferme les lèvres dans un mouvement d’exaspération.
Ils sont crispés, au bord de la crise de nerfs
Le téléphone sonne.
Aujourd’hui ce coup de fil arrive à point pour interrompre ce climat rancunier.
D’un seul jet, Monsieur se précipite vers l’appareil mural, et répond avec une voix enjouée :
-Allo – bonjour – Ici Louis V. que puis-je faire pour vous ?
Puis sa voix devient plus familière car c’est sa fille qui est au bout du fil.
-Comment vas-tu ma chérie ?
-Papa,
je viens vous annoncer une bonne nouvelle : ce matin j’ai mis au monde
d’adorables jumeaux. Je vous téléphone de la clinique où est également Grany.-Tout va bien et leur grand frère est ravi. -Je vous le passe il veut vous saluer.
S’en suivent des banalités téléphoniques, puis il raccroche.
Gabrielle est suspendue à ses lèvres, mais n’a pu entendre ce qui s’est dit, elle présume cependant une bonne nouvelle car le visage de son mari est radieux
Alors il se tourne vers son épouse et il s’exclame avec ce dicton populaire – ce qui n’est pas son genre habituel-
- Nous voici à nouveau grands parents cette fois nous avons 3 petits enfants
-Ah ! ca alors jamais deux sans trois !
Notre fille nous a joué un très bon tour là.
L’atmosphère est détendue grâce à cette nouvelle réjouissante.
Ils papotent, d’une façon plus amicale. Des projets leur montent à la tête : ils sont aux anges !
Décidément cette journée est fertile en surprises !
Cette naissance double va t'elle les rabibocher... ma foi je croise les doigts.... ;-)
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Supprimerc'est certainement parti vers un re-nouveau,
cette serre embaumée s'y prête si bien :)
Il me semble que ton style dans ce texte fait écho à l'époque du tableau. Bravo JAK !
RépondreSupprimerJoli texte ou les petits enfants rapprochent au moins pour un temps un couple
RépondreSupprimerau bord de la rupture.
Impressionnant et magnifique comme toujours JAK
Bravo
Serrement de cœur à ton gentil mot
SupprimerCe sont davantage les conventions que la naissance des jumeaux de leur fille qui les retiennent encore l'un près de l'autre. C'est de moins en moins courant, bien sûr, de nos jours, mais je jure que ça existe encore (des maris et des femmes qui, au nom de je ne sais quelles raisons sociales restent ensemble par dépit).
RépondreSupprimerJ'ai aimé ton histoire, avec le style de l'époque un peu... Au fait, je rectifie, c'est plutôt 19ème siècle que 17ème ;)
SupprimerMerci de ton com.
Entièrement d'accord avec toi..
pour mon compte j'en connais pas mal.... mais c'était un temps ou les - de 20 ans.....
merci de la rectification oui 19° ah ces fautes de frappes!
Faute de frappe, ou essayais-tu de dire que la société avait deux siècles de retard sur elle-même ? ;-)
SupprimerChaque époque a ses conventions, ses modes et de nos jours, le qu'en-dira-t-on s'est simplement logé ailleurs que celui du XIXème... En ce temps-là, on ne livrait pas ses impressions, d'où la révolution provoquée par les impressionnistes.
RépondreSupprimerBelle analyse d'un aspect de la société d'antan.
Sourire d'Ep'
Merci Ep
SupprimerLe qu’en-dira-t-on, de nos jours est devenu
pourvu que l’on parle de moi à tout prix !
J♥k
A Joye au sujet de la faute de frappe:
RépondreSupprimerLapsus révélateur peut-être ? :)
Belle description d'une bourgeoisie aussi fétide que l'atmosphère de la serre mais... Paris c'est quand même mieux que Honfleur, même l'été, non ?
RépondreSupprimerBrel l'a chanté : T'as voulu voir Honfleur et on a vu Honfleur mais il ne semblait pas plu ravi de voir Honfleur que de voir Vesoul. ;-)
https://www.youtube.com/watch?v=GDBYtE3HZZw&feature=kp